Mariage en INDE

(du 27 novembre au 3 décembre)

L’INDE, la grande inconnue … Nous avions réservé depuis mai un vol Bangkok / New Delhi sur GO AIR; depuis, la compagnie semble avoir changé de nom et s’appelle désormais GO FIRST (et non GO FAST ce qui aurait été plus problématique …). Nous devions arriver à BANGKOK à 7h35 en train pour un décollage à 14h, ce qui, sur le papier, était très confortable. Dans les faits on va être pile à l’heure. Une heure de retard avec le train, une heure de prise à BANGKOK pour aller récupérer des sous dans notre dernier hôtel dans lequel nous nous sommes rendus compte avoir payé deux fois (en cash et via le site BOOKING qui en général ne débite pas mais pour cet hôtel si ?!), 1h30 de métro jusqu’à l’aéroport, la queue pour récupérer notre billet d’embarquement, une longue file d’attente pour passer la douane, acheter un peu à manger (pas trop, “vous inquiétez pas les enfants on aura un déjeuner à bord de l’avion”, et changer nos derniers Bats Thaïlandais. Et voilà 13h40 arrivée et l’heure de monter dans l’A320.

Oh purée pas de télé et de plateau repas prévus dans l’avion ! Je crois qu’il y aurait eu une gendarmerie française dans l’avion, nos enfants auraient déposé une main courante pour maltraitance. Bon gré mal gré, le vol passe vite et à 17h20 nous posons les pneus sur le sol Indien. Inde nous voilà ! Et nous ne savons toujours pas ce que nous allons y faire !

Impossible pour nous de définir un programme précis. Nous n’avons pas envie d’enchaîner les kilomètres, les villes et les palais, et préférions nous balader dans la nature. Mais celle-ci ne fait pas partie des attractions touristiques mentionnées dans les guides donc nos 4 semaines restent encore très floues. Bon on a quand même une introduction à ce pays de prévue, et pas des moindres : un mariage Indien.

On vous raconte. Sur le site WORKAWAY un indien a posté une annonce il y a plusieurs mois invitant tous les voyageurs qui le souhaitaient à assister à son mariage. Nous avions dans un premier temps dit non car le mariage aurait lieu le 29 novembre tout à l’Est du Pays, à la frontière du BOUTHAN. Arrivant le 27 /11 au soir à NEW-DELHI on ne se voyait pas retraverser le pays dans l’autre sens aussi sec. Et puis il y a quelques jours on s’est finalement convaincu que cela pourrait être une très bonne introduction pour comprendre ce pays. Et en avant l’aventure !

La sortie de l’aéroport a pris beaucoup plus de temps que prévue. Il y avait 3 douaniers pour plus de 100 touristes, et ils allaient à leur rythme, s’autorisant même des pauses alors que la queue s’allongeait. L’administration Indienne ne fait pas mentir sa réputation ! 1h30 plus tard nous avions notre passeport tamponné, avec une date de sortie au plus tard le 26 décembre. Cette étape franchie on retire de l’argent dans deux distributeurs et on achète deux cartes SIM pour nos téléphones. Dans ce pays surpeuplé, le risque que le groupe s’égare est élevé ! Nous voilà parés à affronter l’ogre DEHLI. Il est 20h et on n’a pas d’hôtel. L’objectif est de se rapprocher de la gare ferroviaire de ANAND VIHAR, point de rendez-vous du lendemain, située dans la banlieue Est. Le métro nous dépose dans le quartier, il fait nuit et frais. On a là un condensé des villes indiennes avec du monde partout, du bruit, des déchets et des ruelles glauques. On finit par dégoter un boui-boui de chez boui-boui. C’est limite sordide, bruyant et cher en plus. Bon il est 22h, on a faim, sommeil et on doit se lever à 6h, on prend !

Le lendemain on débarque à la gare à 7h précise. On déambule sur les quais et on finit pas trouver notre futur marié, DEEPACK. Nice to meet you !

On embarque dans un très long train pour un très long voyage; 26h sont prévues. On en fera 29h. DEEPACK et son père nous installent dans un compartiment ouvert de 6 couchettes. Mais nous ne serons jamais 6 ! On est en troisième classe, la classe la plus présente sur les trains. C’est très populaire. Le train est un spectacle à lui tout seul en Inde. Les gens s’entassent sur les couchettes. Ils dorment à tour de rôle. Le train NORTH EST EXPRESS donne l’impression de s’arrêter dans pratiquement toutes les gares. A chaque arrêt des gens montent et descendent, même si le gros des troupes voyage de longues heures. Dans chaque gare, des vendeurs à la sauvette défilent dans les wagons pour proposer du thé, café, chips, samosa, salades, eau, matériel hifi, vêtements, porte-clés … Il y a aussi de nombreux mendiants; aveugles, paraplégiques, veuves, transexuels, diseuses de bonne aventure … les pauvres et rejetés ne manquent pas dans ce pays. Ils circulent sans cesse dans les wagons, les gens donnant régulièrement. Il y a aussi les employés de la compagnie de train nationale, la fameuse INDIAN RAILWAYS (la plus grande entreprise civile du monde avec 1,3 million de salariés et 23 millions de passagers transportés chaque jour) qui proposent du thé et des repas régulièrement. C’est assez bon et vraiment pas cher. Tout ceci est très vivant.

De la fenêtre les paysages défilent. Nous traversons d’Ouest en Est la grande plaine du GANGE. La plaine est extrêmement plane sur des centaines de kilomètres avec une absence totale de relief. La campagne est très agricole. Il y a des champs partout, très bien entretenus avec des paysans qui s’affairent. Les paysages sont parfois assez arides comme ils peuvent être verts selon l’avancée des cultures. On devine des rizières, du blé, des ananas, du thé … avec beaucoup de vaches et chèvres. Ça donne envie d’aller se balader au milieu des champs voir comment vit toute cette population rurale.

On converse avec DEEPACK, ses amis et son père. Nous sommes 68 dans le train pour le mariage. La famille du marié habite NEW DELHI. La mariée elle est originaire d’une riche famille de JAIGAON, là où nous nous rendons. En tout 1500 personnes sont attendues au mariage.

Le gros problème du train c’est de pouvoir dormir et de trouver des toilettes propres. Dormir déjà dans un train ce n’est pas simple mais avec le train qui bouge, le bruit quasiment permanent (mendiant, vendeur, téléphone …) et les gens qui s’installent sur votre couchette ou qui rallument la lumière sans se soucier de vous. Quant aux toilettes, on va vous épargner les détails, mais on ne pouvait pas faire pire, avec l’odeur qui gagnait même notre couchette dès que le train perdait de la vitesse … Et on ne vous parle pas des déchets. Tout est jeté n’importe où, et en particulier par les fenêtres. Les lignes ferroviaires en Inde constituent des milliers de kilomètres de décharge à ciel ouvert !

Bon nous étions contents d’arriver même si le voyage a vite passé. Le train ne desservant pas JAIGAON nous finissons par 1h30 de bus affrété par la famille. La famille du marié a également réservé une grande partie de l’hôtel principal de la ville, on va dire le plus chic du patelin (toute proportion gardée pour un européen !). Ce sera le camp base du marié ! Nous sommes accueillis par un groupe de musiciens traditionnels qui souhaite officiellement la bienvenue au marié. La classe ! On retrouve dans l’hôtel les sœurs et frères, les oncles et tantes, les amis de la famille et les copains du marié avec leurs épouses, qui font tous preuve d’une grande hospitalité envers nous. On se répartit les chambres et on commence à rencontrer les autres Workaway (voyageurs invités). Nous sommes 14 au total, deux amies françaises, un jeune français de 18 ans en année de césure après son bac, un allemand, une allemande, un couple de colombiens et un américain. Tous sont en voyage à travers le monde pour plusieurs mois. Les Français sont en nombre avec nous 6 ! Ah dès qu’il s’agit de manger et de faire la chouille, les Français répondent toujours présents !

Ainsi commencent 4 jours de festivités, du mardi 29 au vendredi 2 décembre jour du mariage. Nous sommes accueillis très chaleureusement par la famille et les amis de Deepak. Dès le début, nous nous sentons tout de suite intégrés comme si nous faisions partie de la famille ! Nous prenons nos petits-déjeuners et certains repas dans l’hôtel. On nous sert du thé en continu. Les cérémonies religieuses (bénédictions du marié, de ses proches) se succèdent dans les couloirs de l’hôtel. C’est la même chose pour la mariée qui elle loge dans un autre hôtel, celui qui accueille les cérémonies. On retrouve toujours de belles tenues, de la musique, du maquillage, des offrandes … propres à la religion Hindouiste. Chaque jour une cérémonie a lieu en dehors de l’hôtel sur un site réservé pour le mariage, une sorte de grand hôtel désaffecté qui semble être dédié aux mariages.

Le mercredi matin les invités sont attendus en tenue jaune, pour la cérémonie Haldi . Nous avons réussi à dégoter des vêtements appropriés un peu en Thailande mais aussi dans l’urgence à JAIGAON, première action en arrivant ici ! Nous voyons pour la première fois à cette occasion la future mariée. Elle est très belle. Elle effectuera une danse en l’honneur de son futur époux au milieu de différents cérémonials. Les deux époux ne se parlent quasiment pas et échangent à peine des regards. DEEPACK nous a parlé d’un mariage arrangé mais aimant. Le mariage arrangé est très répandu en INDE (environ 70 % des unions). Ce sont les parents qui choisissent pour leurs enfants, on parle de l’union de deux personnes mais également de deux familles. La famille de la mariée perd sa fille qui ira vivre dans sa belle-famille aussitôt le mariage prononcé, et doit aussi verser une grosse dote. Double peine !

Tout en haut les futurs mariés placés dans des sortes d’anneaux dorés et en dessous les deux sœurs et le jeune frère du marié. Quand on dit jaune c’est jaune !

Les femmes se parent de bijoux et de hennés. Sandrine et Angèle n’y échappent pas.

L’après-midi et le soir, c’est la couleur verte qui est à l’honneur. Le dîner se passe à l’intérieur du bâtiment qui a été redécoré depuis le matin, avec un grand buffet végétarien. Chaque invité choisit ce qu’il veut manger et retourne s’assoir. On retrouve plein de sortes de plats traditionnels (pain, curry, crudités, desserts …). On se régale. Il fait un peu frais le soir alors on se réchauffe en enfilant les thés et les cafés au lait. Aucun alcool n’est servi, juste des jus de fruits et des sodas.

Le jeudi c’est plutôt smoking et tenue scintillante. Des prières dans la journée et une belle cérémonie le soir. Une grande scène a été aménagée sur la pelouse principale avec jeu de lumières, régie lumière, photographe et présentatrice pro, modèle eurovision bilingue. Tout cela en jette un max, on se croirait dans un film de BOLLYWOOD, avec nous en guise de figurant ! Les proches enchaînent les danses traditionnelles ou modernes qu’ils répètent depuis de nombreux jours. C’est du haut niveau, ils adorent cela. En parallèle de chaque cérémonie, on voit une partie du personnel s’affairer pour préparer les décorations des cérémonies suivantes. Un mariage emploie énormément de monde (on estime à au moins 80 personnes présentes le dernier jour pour servir, s’occuper de la musique, des photos, des lumières, du parking, de la sécurité …). Un mariage c’est une grosse entreprise. Le prix est à la hauteur et représente une somme colossale pour les Indiens. Ils disent que ce sont les économies de toute une vie!

Le vendredi place au grand jour. C’est le dernier jour où les mariés s’unissent officiellement. Nous avons quartier libre toute la journée et devons nous tenir prêts pour 17h. Bon l’heure Indienne on commence à connaître. On partira finalement à 20h de l’hôtel pour un défilé dans la ville jusqu’à la cérémonie. Ne sont présents ici que la famille et les amis côté marié, plus ses deux-futurs beau-frères. Tenue traditionnelle ou smoking pour tout le monde, Rol Royce décapotable pour le marié, orchestre hindou à l’arrière et à l’avant mur d’enceintes monté sur un camion pour ambiancer le tout façon Rave partie. Vous rajoutez le groupe électrogène époque soviétique qu’on trimballe plus les klaxons de la circulation, et quelques pétards et feux d’artifice, et vous êtes au milieu d’un boucan du diable qui va durer 2 heures (pour faire environ 1,5 km). 0n a le choix entre devenir sourd à l’arrière ou à l’avant …Mais l’ambiance est géniale, tout le monde danse dans la rue ! On finit à moitié saoul en arrivant au palace sans avoir bu une goutte ! On a pris une cuite au son, incroyable.

On arrive sur le coup de 22h. Les plus de mille invités nous attendent depuis un bout de temps. Certains sont déjà repartis car la cérémonie a débuté dans l’après-midi, les gens sont venus saluer et se restaurer. On arrive au milieu d’une foule nombreuse. Les décorations ont encore changé depuis la veille. Tout est splendide. Il y a des fleurs, des lumières, des tapis, des tentures … Nous faisons notre petit effet avec nos habits traditionnels. Les gens nous accostent et beaucoup veulent se prendre en photo avec nous (pas pour nos habits mais surtout parce que nous sommes blancs de peau). C’est notre jour de gloire, des vrais stars, comme les personnages des émissions intellectuelles type « Les Marseillais à Dubaï » Le marié fait une entrée digne d’un Maharadjah (c’est d’ailleurs carrément l’effet recherché !!!). Bollywood on vous dit !

Allez une dernière photo ! Celle-là on ne l’aurait pas imaginé avant de partir pour 6 mois en voyage ! Ce fut pour toute la famille une expérience incroyable et inoubliable qui nous a permis de découvrir les festivités d’un mariage indien et de rentrer dans l’intimité d’une famille indienne. Encore, un grand merci Deepak pour ce partage !

Pour finir juste quelques mots sur la région de JAIGAON. C’est une petite ville d’environ 40 000 habitants située sur la frontière avec le BOUTHAN. La frontière traverse littéralement la ville en deux avec un mur très haut. Pas touristique, la ville vit du commerce avec son voisin. Pas vraiment jolie, plutôt déglinguée avec des quartiers bidonvilles, la ville dispose d’un environnement naturel très séduisant au pied de la chaîne HIMALAYA. C’est d’ailleurs très surprenant de voir que l’INDE très plane dans cette région, laisse sa place au BOUTHAN à l’endroit où les montagnes débutent. Il n’y a pas de transition naturelle, on passe de la plaine du GANGE à l’HIMALAYA brutalement. Nous aurions bien aimé aller passer une ou deux journées au BOUTHAN tant qu’à être ici, mais c’est financièrement une hérésie. Ce petit pays d’un million d’habitants très fermé, a opté pour une politique touristique très sélective en imposant un tarif forfaitaire journalier de 200 euros par personne et par jour. Ca fait cher le coup de tampon sur le passeport ! Dommage car le pays ressemblait à une petite Suisse vue d’en-bas !

Le poste frontière en haut à gauche, les rues de Jaigaon, puis en bas l’Himalaya et le Bouthan en fond.

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