(le 2 et 3 octobre)

Les historiens de la famille avaient envie de visiter cette ville perdue au bout du VIETNAM (et de toute façon c’était sur la route pour le Laos) ! Dien Bien Phu se mérite ! 7h30 de bus depuis SAPA, sur une route de montagne. On ne compte plus les virages, d’ailleurs on ne se rappelle pas avoir vu de lignes droites … Les touristes et les vietnamiens étant a priori très peu nombreux à faire ce tronçon, nous avons dû nous contenter du seul bus faisant cette jonction quotidiennement avec un départ à 19h. En fait de bus, c’est une LIMOUSINE. En langage local un fourgon type trafic avec 10 places. Oh purée !!!

Nous n’avons quasiment pas dormi, entre les virages, la pluie, la brume au niveau des cols, les conversations bien fortes, les allumages et extinctions de lumière, la musique insupportable et les arrêts pour décharger (ici les bus rentabilisent les déplacements en transportant des marchandises pour les villageois), on arrive à bon port à 2h30 du matin. On avait prévenu l’hôtel, on réveille le patron qui dort sur un lit de camp derrière le comptoir. Déjà que les vietnamiens ne sont pas très expressifs, mais là au réveil en pleine nuit, les lèvres ont du mal à s’ouvrir ! Bon allez, au lit !

On a une journée pour visiter la ville et le lendemain matin, on est censé se lever à 5h (en ASIE les bus sont souvent tôt) pour prendre un nouveau bus et traverser la frontière pour le Laos. Mais cela ne va pas se passer comme prévu ….

Dien Bien Phu, la voici cette cuvette mythique de 6-8 km de large sur 18 km de long dans laquelle l’armée Française va se faire encercler par les Vietminh et connaître une de ses plus cinglantes défaites. Les troupes françaises étaient sur la défensive et perdaient du terrain depuis le déclenchement de la guerre d’Indochine en 1946. En 1953 l’armée Française veut fixer le gros des troupes Vietminh en les attirant dans cette souricière et mener une vraie confrontation, laquelle va finalement se conclure en 1954 par une reddition avec 3000 morts, 4000 blessés et 10000 prisonniers dont seul un tiers reviendra vivant des camps Vietminhs. Cette défaite conduira à la fin de la guerre d’Indochine avec les accords de Genève en mai 1954 et la partition du Vietnam en deux. On le sait peu mais la guerre d’Indochine fut particulièrement meurtrière pour la France mais cette tragédie a été éclipsée par d’autres (92 000 morts tout de même). En comparaison la guerre du Vietnam pour les américains a fait 58 000 morts et celle d’Algérie 25 000 morts.

Il reste quelques vestiges de la bataille à Dien Bien Phu : l’aéroport, des fortifications françaises, le quartier général Français, le Q.G. du général GIAP, quelques carcasses militaires et des cratères de bombes …

Les habitants viennent se recueillir sur ce site qui est un haut lieu du patriotisme vietnamien. Pour le reste la ville est assez moderne et ne présente pas d’intérêt particulier.

En rentrant de cette visite, on a la confirmation par des français croisés à SAPA et par notre hôtelière, que le Laos ne délivre plus de visa à la frontière. J’avais pourtant fouillé ce sujet sur internet il y a un mois mais a priori pas sur les bons sites ! Les choses ont changé depuis le COVID. Le seul point de passage frontalier qui le fait (sur les 8 existants) est à plus de 1000 km d’ici dans la région de Hué. Le e-visa ne fonctionne quant à lui que dans les aéroports. Seule solution aller à l’ambassade du Laos à Hanoï faire les visas papier. C’est à 450 km et 10 heures de bus … Et dire que nous venons de passer 5 jours à Hanoï, on aurait très largement eu le temps de passer à l’ambassade. Nous sommes le 2 octobre soir et nos visas pour le Vietnam prennent fin le 3/10 au soir. Voilà notre première vraie galère du voyage !

Après avoir étudié le problème dans tous les sens et maudit tous les bureaucrates de la terre, décision est prise que seul le « chef de famille » ira à Hanoï faire un aller-retour. Il est 20h30, le dernier bus part à 21h. Ni une ni deux on rentre en vitesse à l’hôtel. Sandrine demande au propriétaire de nous trouver un bus et je pars faire mon sac en vitesse.

A 21h10 je suis confortablement installé dans un bus très grand confort. Le meilleur qu’on ait eu depuis notre départ de France. Imaginez : matelas massant, climatisation individualisée, rideau et store pour s’isoler, lampe et écran de télé individuels ! Et en plus je peux allonger tout mon corps. Pour une fois, j’arrive à vraiment bien dormir, à tel point que le chauffeur me réveille en gare d’Hanoï. Il est 6h40, l’ambassade ouvre à 8h30. Je monte sur une moto-taxi en pleine heure de pointe, des bouchons partout. L’air me gratte la gorge. Le chauffeur me dépose devant l’ambassade. Je prends un petit-déj et pars à la recherche d’une combine pour trouver des dollars. Le Laos semble exiger des KIPS ou des Dollars pour payer le visa. Je n’ai ni les uns, ni les autres ! Après une heure et demie à déambuler dans le quartier des ambassades, de banque en banque et d’hôtel en hôtel, je trouve le salut chez un bijoutier qui me change sans broncher 300 dollars. Purée, cela aura été bien long !

J’arrive enfin à l’ambassade pour faire ma demande. On ne sait toujours pas s’ils vont exiger la présence de toute la famille pour accepter notre dossier. Je remplis 6 formulaires, j’explique mon cas, et le proposé me répond : « revenez à 15h avec 6 millions de dongs (monnaie vietnamienne), les visas seront prêts ! ». Eh dire que je me suis fais … à chercher des dollars !

Bon en tout cas c’est une bonne nouvelle, pas besoin d’attendre plusieurs jours ou de faire venir toute la famille à Hanoï. Et à 15h, les passeports avec les visas m’attendaient ! Vite, maintenant trouver un bus pour retourner à DIEN BIEN PHU. Mais ce sera trop tard pour passer la frontière dans les délais. On va se faire taper sur les doigts par les douaniers Vietnamiens. Bon on verra cela demain, à chaque jour suffit sa peine !

Pour le retour en bus, autant à l’aller c’était grand confort, que là je dois me contenter de la bétaillère. Ils ont même prévu deux personnes côte-à-côte au sol dans la circulation.

Là mon sommeil va se résumer à quelques fragments de minute. Nous partons à 19h et arrivons à 5h à bon port. Sandrine a réservé des places dans l’unique bus qui part à la frontière pour 6h. On y arrive vers 8h00. Bon à quelle sauce on va être mangé. Déjà quand on est en règle c’est pas simple, mais là avec un dépassement de délai de visa …

J’ai préparé un long texte sur le smartphone destiné à émouvoir le petit cœur sensible que cache le douanier au fond de lui, au cas où. Bingo il remarque direct qu’on est en retard de 8h … je montre mon texte …. oh je suis désolé pour vous … et blablabla blablabla …. il propose dans un élan de générosité et de désintéressement splendide 10 dollars pour ne pas s’embêter avec de la tracasserie administrative et nous tamponner nos passeports ! (On a lu que l’amende par jour de retard est de 20 dollars par jour par personne minimum). Ok Monsieur le douanier on va faire comme vous dites, faudrait surtout pas s’embêter avec de la tracasserie administrative !

1 km plus loin c’est le tour de la douane Laotienne. Bon là on ne risque rien, nos visas sont tout frais ! Penses-tu, 1 dollar chacun pour aposer un coup de tampon sur le passeport sinon on ne passe pas ! Purée je te ferais bouffer ton képi !

« Non Monsieur, hors de question nous sommes en règle ». 10 minutes se passent. Il appelle son chef qui parle Anglais. Même musique, comme quoi la corruption est organisée. « Non monsieur, hors de question. Est-ce que vous voulez que j’appelle l’ambassade du Laos ? « . Le Monsieur repart aussitôt un peu fâché. 10 minutes se passent. Faudrait pas que le bus parte sans nous. On sollicite le chauffeur qui fait des courbettes devant le douanier. Il finira par payer pour nous, on le remboursera par la suite. Douanier 1 / Touristes français 0 !

Nous arrivons vers 11h à MUANG KHOUA, petite bourgade paumée et première étape au LAOS !